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Louis LE NAIN vers 1600- 1648famille de paysan  1640. huile sur toile. 113.3 x 159.5 cm. Louvre  Paris

l'atelier

     Gustave Courbet Les_Baigneuses-1853. Huile sur toile, 2,27 x 1,93

GUSTAVE COURBET

 

REPERES COURBET/ L'OEUVRE EN QUESTION 1840 et 1860

 

La question du réalisme :

 

Inspiré par l'observation du réel, Gustave Courbet révolutionne les codes plastiques et invente le Réalisme avec le soutien des critiques d'art Champfleury, Castagnary puis  Baudelaire. Le Réalisme apparaît en 1820-1830 dans les Beaux-arts et les lettres ( Zola, Balzac, Flaubert, Maupassant, Stendhal, etc) et son influence s'étendra à toute l'Europe.

 

Chez Courbet, le Réalisme résonne comme une revendication sociale et citoyenne contre le goût et les valeurs d'une classe bourgeoise et aristocratique trop éloignée du peuple.  

 

En ces temps, l'état impose au Salon un goût officiel, académique porté par des règles contraingantes issues du Néo-Classicisme (étude d'anatomie, idéalisation du nu, mythologie, théatralisation des poses et des décors, sujets moralisateurs).

 

En rupture, Courbet refuse alors l'artifice des poses et des sujets, l'idéalisation des formes qui flattent la classe aristocratique. Il propose des sujets  glorifiant le quotidien du peuple comme un soutien aux uns et un défi aux autres.

 

Courbet au Louvre se forme sur les Caravagistes (Le Caravage, les frères Le Nain, José Ribéra,) ou les Flamands dont il admire les thèmes de la vie ordinaire et les lumières clair-obscures.

 

 

En 1840, les peintres de l'Ecole de Barbizon, lui inspirent l'observation de paysages quotidiens sans anecdote avec un traitement de la lumière par empâtements (Théodore Rousseau, Jean-François Millet).

 

Avec Courbet, Millet (L'Angélus) et Daumier furent des piliers d'un Réalisme de la vie du peuple.

 

Courbet le citoyen : Poursuivi pour sa participation au gouvernement révolutionnaire de la Commune (1870-1871) , et accusé de la destruction de la colonne Vendôme par les Versaillais. Il est arrêté et condamné à l'exil Suisse où il meurt en 1877.

 

 

Les partis pris artistiques et plastiques:

 

Le style de Courbet est caractérisé par un refus des effets académiques :

 

 

La question du dessin et du corps : Délaissant la règle du dessin linéaire académique, les formes sont traduites par empâtements et clair-obscurs, sans idéalisation des contours ( obésité, vieillesse, défauts sont acceptés ). Les dessins aux contours purs et nets de l'académisme laissent la place à des effets matéristes moins définis.

 

Le nu traité sans justification morale, esthétique ou allégorique dérangeant la bien-pensance de la société bourgeoise. Ainsi le recours à des thèmes érotiques est utilisé comme un affront à la morale publique et au bon goût valorisés au Salon ( "Le sommeil", et plus secretement" l'origine du monde" peints pour Khalil-Bey) .                                                                      

 

La question de la lumière : Les lumières optent pour des ambiances sombres ou en clair-obscur ( aubes, crépuscules, brumes,etc). Les effets d'empâtements augmentent l'intensité des clair-obscurs. Au lieu de théâtraliser les figures, le clair-obscur de Courbet tend à les confondre avec le décor.

 

Le rapport aux modèles : Courbet dessine d'après modèle réel mais l'invention récente de la photographie va offrir un nouveau rapport au modèle.

Courbet  va également utiliser sa grande collection de clichés pour composer ses chefs d'oeuvres ( Les baigneuses, L'atelier de l'artiste, l'origine du monde). Contrairement aux oeuvres de David reposant sur une idéalisation, Courbet s'inspire d'une image fidèle au réel.

 

Le choix des formats : Courbet va scandaliser les habitués du Salon en bouleversant la hiérarchie des genres académiques ( Il proposera des grands formats réservés à la peinture d'Histoire pour glorifier des sujets de genre considérés mineurs : l'enterrement à Ornans, l'Atelier, L'Hallali ).

 

La question de l'espace : Courbet épure radicalement certaines compositions en limitant les lignes de forces théâtrales : affirmation de cadrages serrés.rapprochement du sujet ( La truite, l'Origine du monde) ou composition en bandeau écrasant la profondeur de la scène ( L'Atelier, L'enterrement, paysages marins). Courbet se veut réaliste depuis le motif mais exploite également des cadrages inspirés de la photographie récemment inventée ( composition oblique du portrait à sainte-Pélagie). La perspective géométrique avec ligne de fuite est plutôt délaissée au profit de constructions en plan ou formes frontales. Courbet exploite aussi un goût pour la mise en abime, le hors-cadre ( L'enterrement, l'atelier, l'origine du monde, autoportrait à Sainte-Pélagie.)

 

Symbolisme et Réalisme : Les tableaux de Courbet expriment de façon allégorique la condition humaine : un sexe qui représente l'Origine du monde, la source de la Loue comme évocation de ses origines mais aussi du sexe féminin, la mer comme expression tourmentée de sa vie, la truite ou l'Hallali du cerf comme image de la persécution de l'artiste, l'Atelier comme représentation de la vie de l'artiste.

 

La question du portrait : Courbet est marqué par la théatralisation romantique des émotions mais traitera ensuite ce thème avec plus de retenue.

Les autoportraits de Courbet affirment l'indépendance de l'artiste et explorent à la fois sa condition sociale et sa psychologie. Les poses en mouvement arrêté et cadrages rapprochés accentuent l'intensité psychologique.

 

 

Le travail en série : Il permet à l'artiste d'explorer les qualités du motif sans contraintes commerciales. C'est alors l'ensemble qui compose l’œuvre devient alors un ensemble cohérent de plusieurs objets ( séries de portraits, paysages,etc).

 

La question de la matérialité picturale: Courbet travaille ses toiles à l'huile et exploite les techniques traditionnelles comme le fondu de couleurs pour créer ses modelés ( pinceau brosse), les glacis transparents pour moduler les tons de la couche sèche ou produire des effets de textures ( drapés, feuillages, roches,etc). La caractéristique picturale de Courbet réside en partie dans son travail d'empatements ( réalisé au chiffon, couteau ou pinceau,...)

qui accentue les effets de rugosité ou la puissance d'un reflet lumineux. Dans ses procédés, le rehauts chromatiques ajoute à la modulation des tons et l'expression des volumes.

 

 

 

Les oeuvres de Courbet analysées sur le site du musée d'Orsay

 

 

Courbet et son temps :

 

 

Courbet ouvre la voie à l'art moderne par son refus de règles. Honoré Daumier développera aussi un réalisme lié au contexte historique de la vie urbaine . La lutte avec  l'Académisme et ses peintres-Pompiers se poursuit chez les Impressionnistes qui se veulent peintres du quotidien mais qui se concentrent essentiellement sur le traitement de la lumière par touches visibles ( déjeuner sur l'herbe et Olympia de Manet, Salon des indépendants de Monet, Pissaro, travail en série de Monet). Cette façon de procéder pour exprimer les perceptions changeantes de la lumière sur l'espace ou les volumes, sera au coeur de l'Impressionnisme et de la révolte contre un art figé dans les canons du dessin académique à la facture très léchée. Elle séduira Manet qui réalisa ainsi son Déjeuner sur l'herbe.

 

L'engagement politique de Courbet pour le peuple, contre les monarchistes ou les Bonapartistes le place auprès des militants socialistes. En charge des affaires culturelles sous la Commune, il demande le déboulonnage de la colonne Vendôme pour la remonter aux Invalides.

 

Ses ennemis l'accusent à tort d'avoir ordonné sa destruction. Il est emprisonné, condamné,

ruiné et exilé en Suisse où il mourra sans avoir pu revoir sa Franche-Comté natale chérie.

 

 

 

 

 

 

 

L'héritage de Courbet et des ancrages sur  des prolongements artistiques:

 

 

Le choix des formats ne fera plus obstacle à la création et permettra d'ouvrir de nouveaux questionnements et de nouvelles expériences sensibles comme par exemple avec Le déjeuner sur l'herbe, l'Olympia d'Edouard Manet, les Nymphéas de Monet ou encore bien plus tard les toiles de Pollock en All-Over.

 

La matière picturale après Courbet devient un enjeu artistique à part chez les

Impressionnistes. La matière prend progressivement un poids expressif majeur. Par exemple, Monet dans les Nymphéas ou les meules de foin en privilégiant la force de la touche, poussera son art aux limites de l'abstraction. La question de déploiera plus encore chez Picasso, Matisse, Soulages, Pollock, Miguel Barcelo , Tapies.

 

La picturalité se développe dans des compositions épurées chez Manet, Monet mais aussi Matisse, Rothko. 

 

La référence à la photographie et à l'image s'imposera avec les cadrages de Degas mais aussi dans les peintures Hyperréalistes du Xxe siècle ou les autoportraits de Cindy Sherman autant que les figures de David Hockney. c'est pourtant Courbet qui questionna le réel vu à travers un procédé mécanique et reproductible: Ne plus peindre d'après le modèle mais depuis une image. Il exploitera nombre d'images d'Epinal ( l'enterrement, bonjour monsieur Courbet) ou de photographies ( les baigneuses) comme autant de modèles surprenant pour un artiste qui se réclame du réel.

 

Le travail en série deviendra un enjeu avec les meules de Monet, les montagnes Sainte-Victoire de Cézanne mais aussi les sérigraphies de Warhol.

 

La question du réel ou du banal est donc reformulée par les thèmes ( Olympia de Manet) mais aussi par les matériaux dans les pratiques du collage ( nature morte à la chaise cannée de Picasso impose un nouveau rapport au modèle) et de l'assemblage ( Rodin, Brancusi,Marcel Duchamp). Elle interroge le sujet dans son rapport au vrai, à la mimésis, au modèle, au beau, aux critères de goût.

 

Cette question du monde ordinaire sera un cheval de bataille de la Modernité artistique et des Avant-gardes du XIXe et du XXe siècle. ( Prose Baudelairienne, art abstrait, collages,etc)

 

La transfiguration du réel par le symbole sera interprétée par les artistes symbolistes ( Redon, Moreau).

 

Les objets symboliques des surréalistes ou de Duchamp ( Pliant de voyage-underwood- se réfère à sa compagne d'alors Béatrice Wood mais le plus célèbre exemple est l'oeuvre Etant donné qui crée un lien direct avec L'origine du monde.)fonctionnent comme les figures allégoriques de Courbet.

 

 

Liste de mots clefs pour l' analyse plastique:

 

 

 

Analyse spatiale:

Composition,format, grand format, frontalité, frise, lignes de force, lignes dynamiques, mise en tension, section d'or, arrière-plan, plans contrastés, mise en abime, cadrage, décor, motif, etc.

 

Analyse chromatique et lumière:

Clair-obscur, tons rabattus, tons bistres, contrastes, mise en tension chromatique, rapports de masses, rehauts, ton naturel, lumière naturelle, etc.

 

Analyse de la matérialité:

Empreintes, traces, empâtement, rehauts en empâtement, glacis, pinceaux brosses, couteau, chiffon,etc.

 

Thèmes:

hiérarchie des genres ( histoire, mythologie, religion,portrait, scène de genre,nature morte) Académisme, Romantisme, Néo-Classicisme, Réalisme, Nu, photographie, série, peinture sur le motif, critique, Modernité, autobiographie.

 

 

 

 

 

 

 

 

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